12/12/2016

Connexion Internet au Cameroun : une mauvaise qualité de service malgré une pléthore de FAI




De nos jours, le monde entier est plongé dans l’économie numérique. La connaissance d’Internet, de ses rouages et sa facilité d’utilisation est une forme de capital qui permet à ceux qui la possèdent de s’adapter et de progresser plus facilement dans une société digitalisée. Internet est le siège de nombreux acteurs indépendants, artisans, commerçants, entrepreneurs individuels ou créatifs, travailleurs en solo, consultants, encouragés par la volonté d’auto-entreprendre en s’appuyant sur les atouts de la technologie.

Au Cameroun, le transport d’Internet est assuré par l’entreprise Camtel. Le pays a diversifié à partir de l’année 2007 les sources acquisition d’Internet. On a de ce fait assisté tour à tour à l’arrimage au satellite RASCOM (le premier satellite africain) puis à la connexion aux câbles sous-marin SAT-3 et WACS. Le Cameroun gère également une importante composante du projet CAB (Central African Backbone) qui vise à construire un cœur du réseau en fibre optique en Afrique Centrale. Tous ces projets, financés par le contribuable, avaient pour objectif de fournir une connexion de qualité et moins chère à un grand nombre de camerounais.

Quant à la distribution, plusieurs entreprises se bousculent sur le marché local. Nous pouvons citer par exemple Camtel, MTN Cameroun, Orange Cameroun, Nexttel Cameroun et plus récemment Vadafone Cameroun. A côté de ces entreprises de premier rang figurent beaucoup d’autres qui peuvent être relégués au second rang à savoir Ringo, Saconets, Gonago, Yoomee, Creolink, etc. comme nous pouvons constater, le Cameroun regorge de beaucoup FAI (Fournisseur d’Accès à Internet). Ces FAI utilisent plusieurs technologies de 2e, 3e et 4e génération. Le modem USB jadis utilisés, cèdent progressivement place aux modems 4G plus rapides et donc le débit théorique peut aller jusqu’à 150 Mbps. Ces modems sont équipés de la technologie Wifi facilitant ainsi le partage de la connexion internet avec les ordinateurs de bureau, smartphones, tablettes, etc. Les prix varient en fonction des opérateurs et du temps. De 25 000 Fcfa chez MTN Cameroon, ces modems sont passés à 10 000 Fcfa à un moment donné, puis « gratuits » moyennant l’achat d’un smartphone de 19 900 Fcfa ou de 29 900 Fcfa et enfin à 7 000 Fcfa en ce moment. Les mêmes modems (du même fournisseur chinois Huawei et avec les mêmes caratéristiques) coûtent 49 000 Fcfa chez Camtel avec une connexion initiale de 20 MO et 8 900 chez Vodafone.

Il est cependant regrettable de constater que tous ces FAI ont les mêmes faiblesses :

  • Leur réseau ne couvre pour la plupart que les grandes métropoles ;
  • Les terminaux font face aux problèmes de connexion en permanence ;
  • La connexion est très instable oscillant régulièrement entre la 2G, 3G et 4G ;
  • Les coûts restent assez élevés comparés aux autres pays d’Afrique de même niveau de développement que le Cameroun ;
  • La qualité de la connexion est très bonne lors de la campagne ayant pour objectif de vendre le matériel mais un ou deux mois plus tard, elle devient très mauvaise voire inexistante ;
  • La connexion Internet haut débit par fibre optique, pourtant banalisée dans certains pays, demeure un service onéreux, réservé à une classe de privilégiés.

Tous ces problèmes ne sont pas de nature à rendre la tâche facile aux utilisateurs des réseaux sociaux comme facebook, twitter, Linkedln, instagram, google +, Viadeo, whatsapp, etc. Bien plus, les administrateurs des sites web et les entreprises du commerce électronique sont régulièrement stressés. Un ami, qui vient d’abandonner son ancien modem qui ne marche plus pour un nouvel opérateur dont les agents lui ont confié disposer d’un pylône non loin de son domicile, me confiait une semaine plus tôt : « mon nouveau modem n’a pas le réseau ! Pour trouver une barre, je dois absolument le déposer sur la fenêtre de mon salon ». Il ajoute : « je ne sais plus quel opérateur offre la bonne connexion. J’ai déjà testé la connexion de trois opérateurs différents mais sans suite ».

Tenez : lorsque vous êtes logé en pleine ville de Yaoundé et que vous êtes équipé des modems Camtel, MTN, Orange, Nexttel et Vodafone, vous n’êtes pas sûr d’avoir une connexion stable. Dans ce cas, comment faire pour contribuer à l’évolution de l’économie numérique du pays ? Il est clair que la connexion Internet, qui est la matière première de l’économie numérique, devrait être un acquis pour permettre aux professionnels de se consacrer à la recherche des bonnes solutions aux problèmes de ce secteur.

Et les régulateurs dans tout ça ? Personne ne maîtrise le rôle de ces derniers en matière de qualité de service. Ils se pressent d’accorder les licences aux opérateurs sans s’occuper de la fiabilité du réseau et de la capacité de ces derniers à fournir un service de qualité acceptable dans la durée. En tout cas, ils sont les seuls à maitriser les cahiers de charge de ces opérateurs.

Que dire des associations des consommateurs ? Ils contentent certainement de ce que la majorité des abonnés n’utilisent Internet que pour la lecture des messages et la connexion aux réseaux sociaux. Ils ne s’occupent pas de savoir comment les professionnels se battent au quotidien pour publier un billet sur un blog, accéder au back-end d’un site web ou d’une application hébergée en vue de l’administrer, charger et télécharger les fichiers en ligne.

Enfin, l’opérateur publique, Camtel en l’occurrence, qui devrait intégrer dans ses objectifs la disponibilité d’Internet pour un grand nombre, souffre du laxisme et de l’affairisme de ses collaborateurs dont le recrutement pour la plupart dépend des critères autres que la compétence. Ces derniers n’hésitent même pas à arnaquer les usagers parfois au sein de l’entreprise qui les emploie. Il ne peut en être qu’ainsi car la plupart de ces employés n’ont de compte à rendre qu’à leurs mentors « hauts placés » du régime. Par ailleurs, les ministères en charge de la question se contentent de quelques coups médiatiques dans de pseudo forums dont les participants ne sont autres que des relations directes ou indirectes des responsables de ces ministères. Ces derniers sont présentés aux yeux du monde comme étant les pionniers de l’économie numérique sans qu’on ne puisse savoir quels sont les éléments objectifs qui corroborent cela. Dans ces conditions, l’émergence de la génération dite « Android » restera pendant longtemps encore un mythe au Cameroun.

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